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Descripción

Cet ouvrage examine la manière dont l’altérité et la mémoire façonnent, sur le long terme, les relations franco-algériennes, du XIXᵉ au XXIᵉ siècle. En croisant l’histoire et l’analyse du discours, il montre que les représentations de l’Autre reposent sur une mémoire discursive située, toujours dépendante des contextes d’énonciation et des positions idéologiques des locuteurs. L’étude des récits produits au XIXᵉ siècle met en évidence la prégnance d’une rhétorique coloniale opposant civilisation et barbarie, tandis que les catégories ethnographiques utilisées par l’armée française — « Arabes », « Kabyles », « indigènes » — fonctionnent comme des dispositifs d’essentialisation visant à légitimer la domination coloniale. L’ouvrage explore ensuite la littérature contemporaine, où les œuvres de Kateb Yacine et d’Assia Djebar révèlent les tensions héritées de la colonisation, notamment autour du statut ambigu de la langue française, vécue tour à tour comme outil d’expression, de résistance ou de contrainte. Les controverses intellectuelles entre Albert Camus et Jean-Paul Sartre illustrent quant à elles la profondeur des conflits interprétatifs liés à la décolonisation et aux enjeux éthiques de la violence politique. Enfin, l’analyse des discours présidentiels françai montre comment la mémoire coloniale continue d’être réinterprétée, instrumentalisée ou réajustée au gré des contextes politiques. Ces discours, souvent traversés par des tensions entre reconnaissance, déni ou prudence diplomatique, témoignent de la difficulté persistante à élaborer une mémoire collective partagée entre la France et l’Algérie.